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 L’ORIGINE DES TSIGANES

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dravinou
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MessageSujet: L’ORIGINE DES TSIGANES   L’ORIGINE DES TSIGANES Icon_minitimeLun 30 Juil 2007 - 15:09

L’ORIGINE DES TSIGANES

par Alain Weber

Le bon roi perse Bahram Djoûr, ému par les plaintes de ses sujets les plus démunis qui réclamaient de la musique pour faire la fête comme les riches, aurait obtenu de son beau-père, le roi Shankal de Kanauj vivant dans la haute vallée du Gange, l'envoi de douze mille musiciens. Lorsqu'ils arrivèrent, le roi Bahram leur fit donner de quoi vivre en cultivant la terre: un âne, un boeuf et mille charges de blé à chacun. Mais peu après un an, il les vit paraître complètement affamés, car ils s'étaient contentés de manger leurs boeufs et leur blé.
Irrité, le souverain leur conseilla de mettre des cordes de soie à leurs instruments, de sauter sur leurs ânes et d'aller vivre, désormais de leur musique...

L'origine des Tsiganes demeurée longtemps énigmatique est aujourd'hui située géographiquement dans le sous-continent indien. Il subsiste cependant encore un certain nombre d'interrogations concernant les raisons du départ du peuple rom. Les premières migrations vers l'Ouest que l'on situe généralement autour de l'an 1000, semblent en fait s'être manifestées dès le 4° siècle. Les Roms , ces castes intouchables d'artisans, de marchands, forgerons et musiciens furent amenés à la suite d'envahissements et de tumultes successifs à circuler de manière nomade jusqu’à atteindre l'Iran vers le 5° siècle.
Il faut signaler aussi qu' entre 1800-1000 avant notre ère l'Inde du Nord est envahie par différents groupes tels les Perses, Celtes, Ligures et Germains, c'est déjà la civilisation aryenne qui succéda à la civilisation dravidienne autochtone encore suggérée par les épopées mythiques du Mahabarata ou du Ramayana . Parmi les nombreuses éventuallités envisagées, les Roms pourraient être éventuellement des dravidiens qui se seraient appropriés certaines caractéristiques de la civilisation aryenne où le cheval et la forge prédominaient .
Par sa grammaire et son vocabulaire, la langue tsigane, le Rom, est proche du sanskrit ainsi que de langues vivantes comme le cacherimi, l'hindi, le gouzrati, le marathe ou encore le népalais. La linguistique, sans être la seule, est la discipline la plus à même de préciser l'origine des Tsiganes.
La légende mentionnée précédemment d'abord part l'historien arabe d'Ispahan Hamza au milieu du 10° siècle puis par l'historien et philosophe perse Al Firdusi en 1010 dans son livre des Rois (Shahname ) raconte l'arrivée en Perse de douze mille Lurs demandés par le Roi Bahrâm Djoûr à son homonyme indien en tant que musiciens.
L'Iran reste une plaque tournante pour l'histoire des Roms qui à partir de ce pays se scindèrent en 2 branches l'une se dirigera vers le Proche-Orient et l'Egypte l'autre vers le monde occidental et les premières pages d'un livre sans fin s'ouvriront...

Depuis leurs premières migrations vers l'Ouest, les Tsiganes venus de l'Inde ancienne bien avant l'an 1000 n'ont cessé de contribuer à notre vie culturelle par une multitude d'aspects.
Boucs émissaires de notre monde sédentarisé, objets du rejet social le plus primaire au romantisme littéraire et cinématographique le plus exacerbé, ils poursuivent leur quête au-delà de nos bouleversements technologiques et sociaux.

Se jouant des traditions et des modes, les Tsiganes, grâce à leur polyvalence et leur sens de l'improvisation ont toujours adapté leur style à ceux rencontrés dans leur errance. Chaque fois, ce qu'ils gardent d'un précédent séjour les rend singuliers, étrangers au milieu de leurs nouveaux hôtes.

Les Tsiganes sont-ils musicalement plagiaires ou inventeurs, puristes ou brasseurs de style? Déjà Bartok en 1933 prenait part à la polémique:
"La dénomination "musique tsigane" est fausse du point de vue scientifique, ce qu'on appelle de la musique "tsigane" est de la musique savante hongroise jouée par des Tsiganes" Plus récemment, le flûtiste star Zamfir dénonçait comment, selon lui, "les Tsiganes auraient perverti la musique populaire roumaine". On se rappelle aussi cette petite paysanne roumaine qui dans les années trente se plaignaient au célèbre musicologue Constantin Brailoiu que "les ménétriers embrouillent les chansons".
Ce que dit Maurice Ohana sur le flamenco pourrait s'appliquer d'une manière générale aux musiques tsiganes: "Ses éléments déchaînés conquièrent, ravagent, interrogent ou exaltent. Mais d'explication, point".

Les Tsiganes en fait vivent un paradoxe constant : celui d'être devenus malgré leur refus d'intégration, les dépositaires parfois exclusifs et le miroir fidèle de la culture du pays habité à une époque ou être musicien professionnel était synonyme de honte: l'expression d'une marginalité reléguée aux parias qu'ils soient Tsiganes ou Juifs.
Comme le cite Bálint Sárosi dans son livre de référence "Gypsy Music" la confrérie des maçons hongrois en 1785 incitait "à n'avoir aucun rapport avec le violon joué aux mariages et à d'autres occasions" ou en 1803 le responsable d'un grand collège déclarait : Le violon donne une musique sans aucun intérêt que nos étudiants ne doivent pas pratiquer en dehors de l'école sans risque de scandale et de dépravation" Dans ce contexte social encore plus intransigeant à cette époque qu'à la nôtre on devine aisément comment les tsiganes ont pu occuper au fur et à mesure un terrain vacant.
A partir de ces données, le génie tsigane a sublimé bien des musiques autochtones, permettant ainsi la conservation de styles musicaux et chantés spécifiques à chaque culture.
La volonté nationaliste actuelle de certains pays tente malheureusement de minimiser le rôle musical des tsiganes en se rappropriant un répertoire traditionnel qui, c'est un paradoxe, aurait disparu sans la présence de ces derniers.
Certains aussi leurs reprochent d'avoir trop professionnalisé certains styles en les transformant en des stéréotypes de pure virtuosité facilitant souvent la commercialisation.
Mais que serait devenu aujourd'hui le répertoire hongrois des csárdás sans les tsiganes ?
L'épopée, dans le monde arabe, de la geste Hilalienne remontant au 10° siècle existerait-elle encore ? Sans la présence des gitans, le flamenco en Espagne ne serait-il pas aujourd'hui, qu'une musique folklorique et académique bonne pour les conservatoires et les musées ?

En réalité, être musicien tsigane signifie avoir constamment le choix entre deux options: soit être l'ange gardien farouche d'un style musical déterminé, soit, grâce à une quantité d'informations emmagasinées au cours de leur histoire, brouiller les cartes.
En cela les tsiganes restent les grands précurseurs des phénomènes d'osmoses musicales actuels du jazz, de la nouvelle musique à la "World music".
Lorsqu'ils jouent pour les autres s'appropriant une tradition locale, l'enjolivant avec un malin plaisir, les Tsiganes lors des bals ou noces de village semblent jaillir d'une autre époque: majestueux comme les danseuses kalbelya du Râjasthan où délurés comme les musiciens de Clejani en Roumanie au col usé et à la chemise rapée portant en eux ce plus indéfinissable.

Les emprunts multiples dus à une nécessité de survie, n'empêchent pas pourtant les Tsiganes de posséder une musique ayant son propre caractère, idée contraire à celle qui voudrait que ces derniers ne possèdent que le don d'imitation : chez les Tsiganes jouer est synonyme de créer.

Le miracle tsigane est aussi cette manière d'être resté imprégné d'un Orient à la fois indomptable et chaleureux, profond et tribal. Il suffit pour s'en convaincre de regarder la similitude d'expressions dans l'art de manier le regard et le geste lors des émois chantés et déclamés du poète du Rajasthan ou de la chanteuse tsigane de la tribu Olah de Slovaquie ou encore de deviner la détermination d'une danseuse "ghawazi" de Haute-Egypte ou d'une gitane d'Andalousie dans la manière de frapper le sol du pied en dansant, comme un rite de fécondité ou de mort.
Les archets qu'ils soient ceux des Tsiganes turcs, roumains, égyptiens ou indiens semblent broder une mélodie et une complainte unique, celle d'un peuple dont le seul destin fut le voyage. Cette tribu prophétique aux prunelles ardentes décrite par Baudelaire après avoir parcouru une multitude de lieux et d'espaces, du désert du Rajasthan à celui de l'Andalousie, de la vallée verte du Sind à celle du Nil ou encore du Danube, des forêts des pieds de l'Himalaya à celles de Transylvanie, traversa aussi bien la Mer Rouge que l'Océan Atlantique.
Ce voyage sans fin toutefois l'amènera à une modernité qui ne pourra lui offrir souvent que ses terrains vagues, ses H.L.M et ses décharges publiques.
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