La France et l'Inde ont paraphé un accord de coopération nucléaire
rtlinfo
L'Inde et la France ont paraphé vendredi un accord-cadre de coopération en matière d'énergie nucléaire, qui sera officiellement signé une fois obtenu le feu vert de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a-t-on appris de source diplomatique française.
Ce document-cadre, qui inclut tout le spectre de la coopération de la recherche fondamentale et appliquée à l'éventuelle fourniture de réacteurs, a été paraphé par le Commissariat français à l'énergie atomique (CEA) et son équivalent indien, a précisé la même source.
Ce texte sera ensuite signé "par les politiques" une fois que l'AIEA et le groupe des fournisseurs nucléaires (NSG), qui regroupe 45 pays qui produisent à titre ou un autre de la technologie nucléaire civile, auront donné leur feu vert, selon Paris.
Le coup d'envoi de cette coopération entre la France et l'Inde, cette dernière détentrice de la bombe atomique et non signataire du traité de non-prolifération (TNP), est donc suspendu à l'accord de ces deux instances.
Cette annonce intervient dans le cadre de la visite d'Etat en Inde du président français Nicolas Sarkozy.
Mais le communiqué commun publié après ses entretiens avec le Premier ministre Manmohan Singh ne parlait pas spécifiquement de cet accord. Les deux pays ont "finalisé leurs négociations afin de parvenir à la conclusion d'un accord bilatéral sur la coopération nucléaire civile", disait le texte.
Comme l'a rappelé M. Sarkozy, la France défend cette exception indienne, estimant que New Delhi s'est engagée à placer sous le contrôle de l'AIEA ses réacteurs nucléaires civils et que son économie en forte croissance doit pouvoir bénéficier de la technologie nucléaire civile afin de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique.
"L'Inde n'a jamais contribué à la prolifération, l'Inde a déclaré vouloir séparer les activités nucléaires civiles et militaires, l'Inde, à ma connaissance en 1998, a déclaré un moratoire sur les essais (nucléaires), l'Inde est prête à satisfaire à toutes les obligations de l'AIEA", a rappelé le chef de l'Etat.
"Partant, la France souhaite obtenir le consensus européen et international pour que l'Inde puisse bénéficier d'une exception et se tourner vers le nucléaire civil (...) à ma connaissance, ce n'est plus qu'une affaire de semaines et l'autorisation doit être donnée", a-t-il poursuivi.
"Il faut reconnaître que les négociations internationales prennent du temps", a pour sa part estimé M. Singh. "Nos discussions avec l'AIEA progressent. Nous espérons sincèrement qu'elles puissent se conclure avec succès sans retard", a-t-il ajouté.
Selon la source diplomatique française, l'accord paraphé vendredi est "nettement plus détaillé" que les accords-cadre signés récemment par la France avec l'Algérie, la Libye et les Emirats arabes unis.
Une fois obtenu l'agrément de l'AIEA et du NSG, "les choses peuvent aller très vite", a-t-elle ajouté, "car l'Inde est déjà une puissance nucléaire et ses ingénieurs sont déjà formés".
Selon le groupe nucléaire français Areva, l'Inde envisage de se doter d'ici trente ans de 25 à 30 centrales nucléaires. Areva espère lui fournir ses réacteurs de nouvelle génération EPR.