25-26/01/2008 Sarkozy en Inde face (figaro.fr)

Le président entame ce vendredi matin une visite d'État de deux jours dans le grand pays émergent d'Asie du Sud.
Que de rumeurs pour un voyage express ! Alors que ses hôtes souhaitaient le voir rester cinq jours, Nicolas Sarkozy ne séjournera que 36 heures en Inde. Une étape à Bombay a été annulée et le chef de l'État ne passera qu'une nuit à New Delhi avant de regagner Paris, demain soir. Les incertitudes sur la venue de Carla Bruni ont également donné le tournis au protocole indien, jusqu'à ce que l'intéressée démente être du voyage. Pourtant, hier, la presse indienne spéculait toujours sur une possible visite privée de l'ex-mannequin.

Invité d'honneur de la fête nationale indienne, demain, Nicolas Sarkozy redira au premier ministre Manmohan Singh son souhait de voir «la plus grande démocratie du monde » intégrer le club des pays les plus influents de la planète, en devenant membre non seulement d'un G8 élargi, mais aussi, sur une base permanente, du Conseil de sécurité de l'ONU. En revanche, le président de la République ne doit pas s'attendre à une moisson de contrats. Certes, Suez doit parapher deux contrats dans le secteur de l'eau (100 millions d'euros) et l'Inde réservera aux Français le marché de la modernisation de ses Mirage 2000. Mais les portes de la coopération avec l'Inde en matière de nucléaire civil restent fermées.

Pas question pour Nicolas Sarkozy, dans ce domaine pourtant prioritaire à ses yeux, de pouvoir signer un accord-cadre comme ceux conclus avec l'Algérie, la Libye ou les Émirats arabes unis. Pourtant, les besoins sont immenses. Dès 2010, l'Inde sera le quatrième consommateur d'énergie au monde, derrière les États-Unis, la Chine et le Japon.


Blocage politique

S'il veut maintenir sa croissance (9 %) sans accroître ses importations de pétrole et de gaz, le pays devra miser sur le nucléaire, qui ne fournit que 3 % de ses besoins en électricité. Areva, dont le PDG, Anne Lauvergeon, fait partie de la délégation officielle, évalue à terme le marché à 25 à 30 centrales. Une manne convoitée aussi par les Russes, les Chinois et surtout les Américains. Ces derniers ont esquissé les premiers, dès juillet 2005, une coopération avec l'Inde qui reste toutefois en attente d'approbation finale au Congrès. Tous ces projets demeurent suspendus à la conclusion d'un accord entre New Delhi et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui doit pouvoir contrôler les installations nucléaires indiennes. Or l'Inde n'a jamais signé le traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

La principale raison du blocage est politique : les communistes indiens dénoncent l'accord de coopération passé avec Washington comme une atteinte à la souveraineté nationale. Ils refusent de l'entériner et menacent de retirer leur appui à la coalition gouvernementale, qui a besoin de leur soutien.

Côté français, on aurait bien souhaité aller plus loin que la relance de principe de la coopération nucléaire franco-indienne, déjà acquise lors de la visite de Jacques Chirac en 2006. «Nous sommes sur le point de trouver un accord qui permettra de développer les coopérations nucléaires civiles avec l'Inde», affirme Nicolas Sarkozy dans une interview publiée à l'occasion de sa visite par le Hindustan Times. En attendant, le feu vert des communistes indiens, Paris devra se contenter aujourd'hui d'un document conjoint envisageant «tout le spectre de la coopération possible» avec New Delhi. L'eldorado nucléaire indien n'est pas pour demain.