Devant Sarkozy, l'Inde affirme ses ambitions de superpuissance
(afp)
NEW DELHI (AFP) — Le président français Nicolas Sarkozy, en visite d'Etat en Inde, a assisté samedi à New Delhi à la grande parade militaire pour la fête nationale, l'occasion pour le géant asiatique d'afficher ses ambitions de superpuissance démocratique et multiculturelle.
Sur la majestueuse avenue Rajpath, au coeur de New Delhi, l'Inde a fait défiler pendant deux heures ses derniers armements, notamment des missiles balistiques à capacité nucléaire pour lesquels elle effectue régulièrement des tirs d'essai.
Le chef de l'Etat était assis aux côtés de son homologue Pratibha Patil pour les célébrations de la proclamation de la République indienne et de la promulgation de la Constitution le 26 janvier 1950, trois ans après la Partition et l'indépendance de l'Empire britannique des Indes le 15 août 1947.
"Grâce à l'essor impressionnant de l'économie indienne, l'Inde est devenue un puissant acteur de la mondialisation", a affirmé Mme Patil.
Encouragée par sa croissance économique à 9%, sa puissance nucléaire et son retour en force sur la scène internationale, l'Inde se rêve depuis quelques années en superpuissance, même si elle est loin d'être sortie du sous-développement.
A la suite des blindés et des avions de chasse, l'Inde a fait parader des dizaines de chars fleuris aux couleurs des 28 Etats fédérés de l'Union indienne, un pays fier de son statut de "plus grande démocratie du monde" peuplée de 1,1 milliard d'hindous, musulmans, sikhs, chrétiens, bouddhistes ou animistes, parlant des milliers de dialectes et 18 langues officielles.
Le président français Nicolas Sarkozy est ensuite arrivé dans la ville d'Agra qui abrite le célèbre mausolée Taj Mahal, sans sa compagne Carla Bruni.
M. Sarkozy a été accueilli en début d'après-midi à l'aéroport d'Agra par les autorités indiennes.
Le Taj Mahal près d'Agra, à 200 km au sud de New Delhi, se préparait depuis vendredi à accueillir le président français, peut-être accompagné de Carla Bruni, avaient indiqué la police locale et des responsables officiels indiens.
Mais malgré les démentis de la compagne du président, son éventuelle venue en Inde continue depuis plusieurs jours d'attiser toutes les rumeurs jamais commentées ni par Paris ni par New Delhi.
La chanteuse italienne n'avait pas voyagé vendredi depuis Paris avec M. Sarkozy, s'était contenté de dire l'Elysée.
Liés depuis 1998 par un "partenariat stratégique", Paris et New Delhi ont décidé vendredi de doper leur coopération dans le nucléaire civil et le secteur militaire, même si aucun contrat commercial majeur n'est venu concrétiser cette promesse.
Dans le nucléaire, les deux pays ont paraphé un accord-cadre incluant tous les secteurs de la coopération, de la recherche scientifique à l'éventuelle fourniture de réacteurs nucléaires, similaire à ceux scellés par la France avec l'Algérie, la Libye et les Emirats arabes unis.
Mais toute signature formelle de ce texte franco-indien à l'échelon gouvernemental est suspendue à un feu vert de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA).
M. Sarkozy a ainsi plaidé pour que l'Inde, qui détient l'arme atomique et n'a pas signé le traité de non prolifération nucléaire (TNP), obtienne un régime dérogatoire pour coopérer dans le nucléaire civil.
L'Inde a la deuxième plus forte croissance économique au monde mais est aussi le quatrième pollueur de la planète et doit donc contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, a dit le président français.
Sur l'énorme, mais épineux, marché de la défense, les deux pays, liés depuis 1998 par leur "partenariat stratégique" vont aussi aller de l'avant et "au-delà d'une relation d'acheteur à vendeur", a lancé le Premier ministre Manmohan Singh.
"Je pense qu'il est très important que l'Inde et la France coopèrent, partagent des informations et du renseignement pour défendre les valeurs qui sont chères à nos deux pays", a-t-il déclaré.
New Delhi va commencer à négocier avec les français Thales et Dassault Aviation pour la modernisation de ses 51 avions Mirage-2000, un contrat potentiel de 1,5 milliard d'euros, selon Paris.
Samedi, la mégalopole de 14 millions de résidents était déserte et quadrillée par 72.000 policiers et paramilitaires, par crainte d'attentats dans un pays souvent frappé par le terrorisme et en proie à bon nombre d'insurrections autonomistes ou indépendantistes, notamment au Cachemire.
"Une lutte mondiale contre le terrorisme est essentielle pour protéger les sociétés ouvertes, démocratiques et multiculturelles comme celles de nos deux pays", a affirmé M. Singh.